Les sports d’ultra-endurance : quelles conséquences sur le corps des athlètes ?

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La Transomania, qui mène les participants de la mer d'Oman à l'Océan indien, est l'un des marathons les plus extrêmes. Shutterstock

Depuis la Race Across America (RAAM), une course cycliste de 12 jours sur 4 860 km, qui réclame de rester en selle plus de 20 heures par jour, à la Iditarod Trail Invitational où les participants courent, pédalent, skient en Alaska à travers 1 600 km de neige, sans oublier l’Ultra Trail du Mont Blanc (170 km d’une seule traite à travers la France, la Suisse et l’Italie) dont le départ sera donné le 1er septembre, les événements sportifs d’ultra-endurance sont de plus en plus populaires.

Depuis que j’ai couru mon premier ultra-marathon en 2010, ce sport m’a mené à vivre beaucoup d’aventures aussi étranges que merveilleuses tout autour du globe. Par exemple, lors de ma participation au célèbre Marathon des Sables – une course à pied de 250 kilomètres à travers le désert du Sahara – où j’ai dû transporter mes affaires et mes provisions sur le dos tout au long de la course.

À la fois sport de compétition athlétique et forme d’accomplissement personnel, ce type d’événement repousse les limites de l’endurance physique et mentale. Cependant, la recherche semble démontrer que si on le pratique à trop haute dose, ce genre de sport peut provoquer des changements physiologiques qui sont généralement associés aux risques cardio-vasculaires. Il s’agit de changements structurels dans le cœur et les vaisseaux sanguins, ainsi que de changements électriques au niveau des nerfs cardiaques, avec de possibles dégâts sur les tissus cardiaques.

Environ 90 % des gens qui se lancent dans l’ultra marathon souffrent aussi de problèmes gastro-intestinaux, qui se manifestent par des crampes et des diarrhées. Et ces effets secondaires extrêmement désagréables peuvent même empêcher certains participants de concourir, malgré leur entraînement et leur excellente condition physique.

Même si la recherche s’y intéresse de plus en plus, il y a encore beaucoup à explorer pour comprendre comment le corps répond aux exercices d’endurance extrême, en particulier quand ils durent plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Le 100 Peaks Challenge

En tant que chercheur en physiologie, j’ai toujours été fasciné par les réponses du corps au stress physique. Mais il n’est pas facile de se procurer des données fiables sur les efforts d’ultra endurance, car peu de gens sont prêts à se lancer dans ce genre de course hyper-exigeantes, qui se déroulent dans des contrées lointaines et des environnements hostiles.

Alors, quand j’ai rencontré une équipe d’athlètes qui s’entraînaient pour un événement en Grande-Bretagne – Le 100 Peaks Challenge – j’ai sauté sur l’occasion. Cette course prend pour modèle le Three Peaks Challenge (en français, le Défi des Trois Pics), un événement qui a eu lieu pour la première fois en mai dernier. Il consiste à monter et descendre les trois montagnes les plus hautes d’Angleterre, d’Écosse et du pays de Galles. Avec cette nouvelle course, on est donc passé de 3 à 100 pics.

Le défi consiste à couvrir une distance de 1 300 km avec un dénivelé cumulé de 34 000 m – soit quatre ascensions de l’Everest –, à pied, en vélo et en kayak. Il n’existe encore aucune donnée associée à cette course, car un tel défi est inédit. Comme l’a dit l’explorateur anglais, Sir Ranulph Fiennes :

« C’est probablement la course d’endurance la plus exigeante jamais organisée en Grande-Bretagne. »

L’homme qui a eu l’idée de cette course s’appelle Karl Rushen. Il a perdu son frère, Lloyd, un soldat des Forces spéciales de l’armée britannique tragiquement tué sur le théâtre des opérations, en Afghanistan. En mémoire de son frère, Karl a souhaité lancer cette course à travers le pays, dans le but de récolter des fonds pour des organismes de bienfaisance militaires.

Endurance humaine

J’ai collaboré avec des experts du Royaume-Uni pour étudier les réactions physiques à cette course. Pour ce faire, nous avons fait des tests avant et après la course – échographie cardiaque, examen de la structure et du fonctionnement des vaisseaux sanguins, exploration des voies respiratoires. Et nous sommes aussi allés collecter des données sur le terrain.

Nous avons examiné l’impact de cet événement extrême sur le système respiratoire (poumons et voies aériennes), le système cardiovasculaire (le cœur et les vaisseaux sanguins) et la nutrition (profils alimentaires et biologie intestinale). Je cherchais en particulier à étudier l’impact d’un exercice intense, répété pendant plusieurs jours consécutifs, sur la fonction pulmonaire.

Ce que nous avons découvert, c’est que le 100 Peaks Challenge provoquait un affaiblissement progressif des fonctions respiratoires et cardiovasculaires. Après deux jours de repos, elles n’étaient toujours pas revenues à leur niveau normal chez les participants. Nous avons également observé que les voies aériennes des coureurs avaient été obstruées – et trois participants ont même développé des symptômes d’infection des voies respiratoires supérieures. On peut imaginer que, si les coureurs avaient continué pendant plus longtemps, le déclin progressif de leurs fonctions respiratoires les aurait contraints à s’arrêter.

Nous avons également constaté que la course entraînait un affaiblissement du fonctionnement des petits vaisseaux sanguins, ce qui, dans des cas extrêmes, peut entraîner une augmentation de la pression artérielle et un risque cardiovasculaire accru.

Tout au long de la course, nous avons consigné les régimes des athlètes en utilisant des carnets de bord alimentaires afin de calculer leurs apports caloriques. Nos estimations préliminaires ont montré que chaque athlète brûlait de 4 000 à 6 000 calories par jour.

Ces résultats montrent combien ce type d’événement sportif est épuisant pour le corps humain. Et ce n’est que grâce à leur excellente condition physique que les participants ont pu se lancer dans le 100 Peaks Challenge – et atteindre la ligne d’arrivée. L’objectif, à présent, est d’utiliser ces données pour améliorer l’entraînement aux courses d’endurance extrême. Car inévitablement, malgré les risques, les gens continueront à se lancer des défis toujours plus fous.

The Conversation

Nicholas B. Tiller ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.



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Nicholas B. Tiller, Lecturer in Applied Physiology, Sheffield Hallam University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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